Carnages est une série de vidéos produites algorithmiquement et prenant comme source des séquences de films pronographiques. Les pièces présentées au Prix Médiatine '18 sont les dernières en datent et ont été produites en Juin 2017.
À l'occasion du prix, Thomas Turine a produit une bande son pour les pièces présentées.
François Zajéga est un artiste programmeur vivant et codant à Bruxelles.
Après une formation d'infographie à l'Institut Saint-Luc ESA[1] de Bruxelles, il a suivi le cours de recherche plastique de Patrick Pouillard[2] durant huit années à l'Académie des Beaux-Arts de Saint-Gilles. En parallèle de cette formation, il a commencé sa carrière professionnelle en tant que web-designer / web-master. Après avoir fondé une société de web et d'audiovisuel, il s'est tourné vers la recherche scientifique en rejoignant l'institut Numédiart[3] de l'Université de Mons en tant que chercheur spécialisé dans le traitement vidéo et l'interaction homme-machine.
Il est aujourd'hui assistant dans la section arts numériques dirigée par Michel Cleempoel à Arts2[4], l'école supérieure des arts de Mons. Intéressé par la question de la place de la machine dans une production artistique, il s'est naturellement tourné vers le logiciel libre et la programmation pour mener à bien ses pièces. Il est actuellement le principal développeur du moteur de jeu interne de Polymorph[5].
Ses recherches artistiques hybrident intimement les problématiques de l'art et celles de la recherche scientifique et sont mises en forme au travers de programmes spécifiques. La machine informatique, la programmation plus extactement, et les formes de pensées qu'elle implique prennent une place prépondérante dans ses pièces. C'est au travers de ce language à part entière[6] que les images de François Zajéga se constituent, dans une zone sans cesse grise, oscillant entre production algorithmique pure et choix plastiques arbitraires.
Carnages est une série vidéo débutée en 2014. Elle compte aujourd'hui 8 versions, dont certaines n'ont jamais été présentée au public.
Bien que la matière première de cette série soit des vidéos pornographiques trouvées sur internet, ce n'est de la place de pornographie dans la société contemporaine ou de son esthétique dont il est question en premier lieu ici. Cet aspect est bien entendu présent dans les pièces et sera développé plus bas.
L'enjeu principal est pictural.
Pour aborder ce travail, il est utile de comprendre la relation qu'entretiennent les vidéos sources et les pièces finies, et la position que François Zajéga occupe dans le processus de création. Les vidéos sources sont retravaillées par un algorithme[7] mis au point pour le projet, qui consiste à extraire de fines tranches transparentes de chaque image de la source en fonction d'une teinte, une saturation ou une luminosité déterminée, ou un mélange de ces paramètres, pour, pour ensuite les accumuler au fur et à mesure du temps. Cette superposition de fines couches translucides peut être comparée aux techniques anciennes de peinture à l'huile du XVème siècle, chez Van Eyck entre autres[8]. La qualité plastique de la sortie est un mélange de paramétrisation attentive et de chance, certaines sources réagissant beaucoup mieux que d'autres à cet algorithme.
Dans leur forme, les images de Carnages laissent transparaître des corps humains sans leur donner la position principale, en les mélangeant à une matière en constante évolution, à l'instar d'un tableau en cours de formation. Ces matières sont travaillés pour que soit possible une sensualité subtile, propre à la peinture. En ne montrant jamais l'image directe des acteurs, l'oeil se promène en leur sein, ouvrant un espace mental propice à la contemplation et à l'interprétation.
Au niveau esthétique, la série s'enracine d'une part dans l'histoire de la peinture, revisitant les paysages embrumés de Turner[9], les tableaux torturés de Francis Bacon[10], les toiles chargées de matière de Kiefer[11] ou les photos hallucinées d'Antoine d'Agata[12]. En gommant les contours des corps pour qu'ils n'apparaissent jamais abruptement, ils restent liés à la surface picturale dans laquelle ils se déplacent. Cette oscillation permet des variations sémantiques dans le temps, chose impossible dans une image figée.
L'autre aspect esthétique important est la nature de la matière première, c'est-à-dire la présence dans les images traitées de la compression[13] et des artéfacts qu'elle engendre. Sans rentrer dans les détails techniques, les sources sont majoritairement encodées grâce à un algorithme qui fonctionne par portion d'images[14].
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